L'ennemi
: : Charles Baudelaire, da: "Les Fleurs du mal" : :
Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur?
- O douleur! ô douleur! Le Temps mange la vie,
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie!
Il nemico
: : Charles Baudelaire, da: "Les Fleurs du mal" : :
Non fu che fosca tempesta la mia giovinezza,
qua e là solcata da rilucenti soli;
il tuono e la pioggia ne han fatto un tale strazio
da lasciare nel mio giardino solo qualche vermiglio frutto .
Eccomi già all'autunno delle idee,
è tempo del badile e del rastrello
per rassodare le terre inondate
in cui l'acqua ha scavato larghe buche come tombe.
E chissà se i fiori nuovi che vagheggio
troveranno, in un suolo lambito come la riva di un fiume,
il mistico limo che li rinvigorirà...
- O dolore,o dolore! Il Tempo si mangia la vita
e l'oscuro Nemico che ci rode il cuore
cresce e si fortifica del sangue che perdiamo.
. . .
. . .
1 commento:
La danse macabre
À Ernest Christophe
Fière, autant qu'un vivant, de sa noble stature,
Avec son gros bouquet, son mouchoir et ses gants,
Elle a la nonchalance et la désinvolture
D'une coquette maigre aux airs extravagants.
Vit-on jamais au bal une taille plus mince ?
Sa robe exagérée, en sa royale ampleur,
S'écroule abondamment sur un pied sec que pince
Un soulier pomponné, joli comme une fleur.
La ruche qui se joue au bord des clavicules,
Comme un ruisseau lascif qui se frotte au rocher,
Défend pudiquement des lazzi ridicules
Les funèbres appas qu'elle tient à cacher.
Ses yeux profonds sont faits de vide et de ténèbres,
Et son crâne, de fleurs artistement coiffé,
Oscille mollement sur ses frêles vertèbres.
Ô charme d'un néant follement attifé.
Aucuns t'appelleront une caricature,
Qui ne comprennent pas, amants ivres de chair,
L'élégance sans nom de l'humaine armature.
Tu réponds, grand squelette, à mon goût le plus cher !
Un bel ritratto di anoressica.
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